Il (avait) été une fois...

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Il y a longtemps, très longtemps, en tout cas pour moi c'était il y a très très longtemps, j'occupais l'essentiel de mon temps chez moi, rue du Temple, à Paris, entre photographie et composition musicale quand mon emploi officiel m'en laissait le temps. J'étais grassement payé et avait accumulé, au fil des ans, plein de choses qui, aujourd'hui, me font plus que défaut.

Dans la pièce principale de mon appartement se trouvait tout ce qui me permettait de "créer": un petit studio de prise de vue, que l'on ne voit pas sur la photo car situé dans la partie non visible sur la photo, mais surtout mon petit "carré techno".

Organisé autour d'un bon gros Mac Pro sur lequel était installé Photoshop et l'ensemble des plugins que j'affectionne, mais aussi Logic Pro X et mes instruments virtuels préférés, on y trouvait, prêts à répondre à n'importe quelle sollicitation "créative", mes synthés, mes guitares, acoustique, électroacoustique, électrique, basse, ma batterie électronique...

En 2016, j'ai choisi de tout (et tous) quitter pour tenter de vivre une seconde vie à l'autre bout du monde, en Asie.

Je n'avais pas prévu de revenir... D'autant que je m'y trouvais très bien, en particulier à Hong Kong.

Mais voilà: la situation politique, sanitaire et économique à HK m'a contrait à rentrer, à retrouver un boulot (moins lucratif), à retrouver un appartement (moins grand), et à surtout à me passer de ce qui, je m'en rends compte encore plus maintenant, était nécessaire à mon équilibre. Je n'ai pas ici la motivation qui m'animait en Asie pour la photographie, je ne peux compenser en créant de la musique, puisque je n'ai même pas une vieille guitare, un micro ou un clavier sous la main, et je suis comme un gamin pendant de trop longues vacances.

Je m'ennuie.

Je m'ennuie à en mourir. Outre la frustration de voir mes chances de repartir en Asie fondre comme neige en période de dérèglement climatique, je n'ai plus mes "outils" pour exprimer cette frustration. La musique se bouscule dans ma tête: rien pour l'en faire sortir et la partager. Je ferais bien de nouvelles images, plus personnelles: je n'ai plus de studio de prise de vue, plus d'éclairages, et plus l'envie de me mettre en quête d'un "modèle" auquel je pourrai demander de donner vie aux sentiments que je voudrais exprimer.

Alors je pars le matin travailler, je rentre, je dors, je mange, je regarde un navet sur Netflix ou Amazon Prime, je re-dors, je le réveille, je vais travailler, je rentre... Je perds mon temps, je me perds dans le temps, le temps me tue.

Un ennui mortel, vraiment.